Cet article s’appuie sur une
expérience d’écoutant à la permanence téléphonique mise en place par
l’Association locale "Enfance et Famille d’Adoption". Nous y
repèrerons une évolution propre à la dynamique du mouvement associatif parental
pour s’interroger sur les points forts qui semble organiser la naissance des
conflits dans la relation parentale adoptive.
Disons de suite en préambule que
toute observation ou orientation dégagée ici doit être prise comme piste de
réflexion et non comme un essai ou une tentative de généralisation. En effet,
nous ne sommes pas ici dans le cadre d’une analyse statistique avec les
projections que celle-ci permet à partir d’un échantillon.
Toute généralisation
stigmatiserait la question posée et serait totalement contre-productive.
Animant une permanence
téléphonique d’écoute dans le cadre d’EFA, des responsables associatifs m’ont
demandé mon avis sur la façon dont ils pourraient aborder la question
suivante en réunion :
Les familles adoptives ayant des
enfants grands, adolescents ou jeunes adultes, sont de moins en moins présentes
dans les rencontres festives ou associatives. Les familles nous informent
cependant de difficultés qui surgissent au détour d’une scolarité,
d’incompréhensions dans le changement soudain et répété d’attitude chez leur
enfant adolescent, ou de réponses inadaptées face à des choix ou des
séparations qu’offre la vie de jeune adulte. Elles nous signalent la répétition
de phénomènes de rupture, d’épisodes discordants, d’états de tension aiguë et
de passages à l’acte agressifs ou violents, et interrogent la nature de ceux-ci
quand ils apparaissent dans ce cadre spécifique de la parentalité adoptive.
Pour tenter de répondre à ces
absences lors des rencontres, il faut parler des raisons qui amènent les
postulants ou les jeunes couples adoptants à participer aux réunions
associatives ou simplement à prendre contact.
Resituons déjà le cadre de l’accueil des couples
postulant à l’adoption ou ayant accueilli récemment l’enfant
La grande majorité des
participants aux manifestations associatives (rencontres festives, assemblée
générale ou conférences) sont des couples postulant à l’adoption ou ayant
accueilli assez récemment un enfant. Pour ces familles, les questions ou
difficultés résident dans ces moments «tourbillon» entre attente et
accueil : le temps d’attente de l’agrément et l’orientation de la démarche
(enfant petit ou grand, fratrie ou autres particularités, démarche avec une
œuvre ou démarche directe, fiabilité des intervenants dans le pays et budget
consacré). Cette étape est marquée par l’accompagnement des services sociaux de
protection de l’enfance, nécessaire à l’obtention de l’agrément en vue de
l’accueil de l’enfant.
Pour certains, avant l’arrivée de
l’enfant, les rencontres associatives apportent, outre des renseignements
concrets et des récits sur des «tranches de vie», un éveil sur les questions à
venir et les difficultés futures possibles dans les démarches, au moment de
l’accueil et des premiers développements éducatifs. Ces rencontres permettent
aussi l'ébauche d’une relation à l’enfant imaginaire, celui que l’on se
façonne, pour tenter d'apprivoiser l'incertitude.
Pour d’autres, ces moments de
rencontre sont importants au moment de l’accueil de l’enfant. Ils permettent un
ajustement des liens et une «naissance à la parentalité». C’est une étape
d’assimilation et de reconnaissance, opérant des remaniements du rythme au
quotidien des liens familio-socio-professionnels, ouvrant à des échanges
affectifs réciproques et gratifiants, enveloppés de l’attention parentale que
nécessitent et permettent les liens au très jeune enfant.
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